Au nom de mes congénères mâles, qui ont oublié de remettre en question la valeur universelle de la parole du philosophe (un homme blanc privilégié), je me dois d’écrire cet edito. Ah oui, du point de vue d’un.e queer blanc.he privilégié.e (oui ah, je perçois déjà le sourcil levé). Donc le barbu, comme le philosophe, l’imam, Chabal, Marx, le père Noël. Je pensais faire des jeux de mots barbant sur l’humour et puis je me suis rappelé.e qu’un journal humoristique n’avait pas à être exempt de discours critique sur lui même.
Vers une contre histoire de la barbe.
Je ne m’en vais pas vous choyer dans le sens du poil en vous parlant de virilité, de puissance et de signe de grandeur ni de fantasmes aux airs de robinsonnade. S’il y a un argument d’autorité qu’on invoque quand on parle de barbe, c’est bien celui du « naturel ». Bah oui, les mecs ont des poils sur la face et les meufs non. Fin du débat. Il ne viendrait pas à l’idée que la barbe est un artifice. Pourtant on lui accorde tout pleins de symbôles et j’ai comme dans l’idée que le symbôle fait l’artifice. Que ce soit dans l’Egypte pharaonique ou dans le milieu du travail, le contrôle de la longueur de vos poils au menton rend compte d’un contrôle social discriminant. Reines, rois et pharaons portaient en effet des barbes postiches pour s’élever au rang des dieux et à l’inverse, on vous demandera de vous raser pour un entretien d’embauche. Dans l’Argentine des années 1970, il était obligatoire de se raser pour obtenir un passeport, de même que pour passer un nombre assez dingue de frontières dans le monde . A une autre échelle (celle du poil sous toutes ses formes et de nos rapports sociaux primaires), on se fout pas mal qu’un mec se rase alors que, comme me racontait ma copine Sasha la semaine dernière, chaque été, quand elle part faire du stop les gambettes à l’air, on reluque un peu longuement ses jambes « berbes ». La barbe, naturelle, donc dites vous… Dépend de l’usage qu’on en fait.
Quitte à revendiquer l’artifice, nous avons donc décidé de vous rire à la barbe et de nous en emparer. Travestie, hirsute ou juste chieuse, la barbe vous enjoint donc à laisser votre esprit de sérieux avec vos lunettes rondes et votre menton qui pique sur votre bureau (pas d’inquiétude, vous les récupérerez en sortant).
Justin(e), mal rasé(e)
Bien le bonsoir, chers/chères barbu(e)s !
J’ai découvert votre journal cette semaine, en me faisant haranguer (très gentiment) par l’un de vous dans la rue Saint-Jacques. Je ne lis pas souvent le journal, mais l’illustration de la une a attisé ma curiosité, et je me suis laissée tenter. Je l’ai donc lu (pas dans les toilettes), et ma réaction à la fin de ce premier numéro du Barbu, c’était : « Déjà fini ? »
Votre journal est passé tout seul ! J’ai aimé certains articles plus que d’autres, mais dans l’ensemble, je l’ai trouvé intelligent et très rafraîchissant. Il m’a invitée à me poser des questions sans pour autant me prendre la tête, et ça m’a « vachement » plu ! Par contre, je galère toujours sur les mots croisés de Tonton Dominique…
En tout cas, je soutiens cette jolie entreprise qu’est Le Barbu, et je vous souhaite qu’elle perdure. Merci pour cette lecture agréable et pour les illustrations de qualité (oui oui, même celle de BonneMère) !
Une imberbe qui n’aime pas trop les barbes parce que ça pique, mais qui aime bien les barbus malgré tout.
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Barbus, barbues,
J’étais franchement parti pour vous détester : quand on vend un journal qui se veut indépendant, à la marge des discours sur la « classe étudiante », ça me donne envie d’égorger des Bescherelle sur la place de la Sorbonne, parce que oui, on peut considérer votre acte comme un affront à la Belle et Grande Culture!
Mais vous m’avez empêché de faire quoi que ce soit : vous m’avez envoyé de vos troupes mes camarades du service militaire (mais si vous savez : ça dure 2 ans, on vous rabaisse sans cesse au statut de troufion et on vous promet sans cesse le statut de général alors vous savez que, numériquement, il y a quelque chose qui cloche). Je n’ai rien pu faire que me défaire de 50 centimes devant leur sourire désarmant et leur barbe aguicheuse… Je suis parti penaud, déçu de m’être fait avoir.
Comme tout journal, il est resté une semaine dans mon sac, coincé entre le pécé et la pochette de feuilles remplies de blanc.
Et puis hier soir, je me suis décidé à le lire, faute de vouloir chercher à m’endormir aux côtés de tonton Kant (excellent somnifère!)…
VOUS M’AVEZ EU!
Je suis VACHEMENT content d’avoir pu ouvrir votre journal les gars : de la contre-histoire de la barbe à l’article sur la « sous-culture » (dont je salue l’auteur Alesklar, qui, sans le savoir, m’a fait beaucoup de bien), du rapport sur l’identité au compte-rendu sur les coups de fouet (qui aurait peut-être gagné à être plus synthétique, même si BonneMère claque!), vous m’avez bien fait rire et en douceur, et ce, grâce à votre piquant.
Dorénavant, et même si mon goût pour le mainstream me fait dire que lire aux toilettes, c’est pas jouable, je soutiendrai votre action au fur et à mesure des publications, vous faisant don de 50 centimes pour que tout le monde sache qu’il est bon de rire dans sa barbe.
Un jeune barbu herbe qui se rendra plus souvent chez le barbier
Et, au fait, un Big Up pour Gallium, super dessinateur!
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