Le cri qu’il fallait pousser dans la nuit

BD Marge

 

À l’heure de la crise du papier, du livre et des arbres, il est vrai qu’il peut sembler absurde de s’acharner encore et toujours à lire de la presse. Encore plus de la presse spécialisée. Encore plus de la presse spécialisée en bande-dessinée. Mais si je suis une absurde acharnée, je suis néanmoins ravie de ne pas être la seule.

En février 2016, quelques irréductibles bouffeurs de papier glacé ont décidé de se lancer dans la grande aventure du mensuel disponible dans tous les kiosques pour défendre le gag et la planche, envers et contre tout. Aujourd’hui, vous pouvez donc demander le dernier numéro de AAARG, « magazine de bande dessinée et culture à la masse ».

Plus qu’une onomatopée un peu humiliante à pousser face à votre marchand de journaux, AAARG est un cri revigorant dans le paysage de la bande-dessinée indépendante. Ici pas vraiment de ligne éditoriale, juste une déclaration d’amour au neuvième art, à chaque page, pour les artistes de tout style tant qu’ils ont l’estomac bien accroché, une case en moins et un peu de talent pour faire passer tout ça. Avec pour seul mot d’ordre la beauté et l’intelligence, il propose une multitude d’artistes, une multitude de styles et d’histoires qui font d’un numéro un voyage sous acide dans la bande dessinée. Et pour parler de bande dessinée, AAARG rappelle que c’est aussi et surtout de l’art, des beaux dessins, tout simplement, avec des dossiers d’illustrations entre deux planches, des couvertures qui à elles seules méritent que tu craques 4,90€ une fois par mois.

AAARG c’est un cri passionné au fond de la nuit, c’est le cri de mecs et de nanas qui savent bien que c’était pas l’idée du siècle de mettre tout son PEL dans la presse papier, mais rien à foutre parce que la bande dessinée c’est important, parce qu’il y a toujours quelqu’un pour faire une planche ou un album alors il faut bien quelqu’un pour en parler, il faut encore des petites portes quand la grande est trop souvent fermée.

Dans le premier numéro, le rédacteur en chef, Pierrick Starsky, l’ouvre, cette porte : « Encore, on va se démener pour faire tomber les mûrs, bâtir des passerelles, faire une tambouille de cultures populaires, avec les meilleurs ingrédients possibles, la crème des auteur.e.s, des journalistes ». Et c’est exactement ce qu’ils arrivent à faire. Plus que de parler de bande dessinée, ils l’associent à la culture populaire, la rédaction arrive à intégrer bien plus facilement la bande dessinée dans le monde actuel, à le raccroche au monde réel là où elle semble quand même trop souvent vivre dans son ermitage. Avec des articles de fond (plus ou moins intéressant et recherchés mais on ne peut pas toujours tout avoir) sur des sujets sérieux comme les grosses blagues du XXIeme siècle (tu connais l’extrem ironing ? C’est encore pire que ce à quoi tu penses quand je le dis) AAARG boucle la boucle parce que oui tu peux être un intello des gribouillages.

Avec son éclectisme et sa curiosité, des planches aux conseils de lecture, la rédaction arrive toujours à surprendre et ça fait du bien d’acheter un magazine qui n’est jamais la même chose d’un mois à l’autre, vraiment pas la même chose. Évidemment tu retrouves tes chouchous (big up à Dav Guedin et Down with the kids), parce que c’est aussi une famille, mais il y a toujours un petit nouveau bien sympa à découvrir. AAARG c’est un cri courageux dans une époque où le papier, la bande dessinée et les dessinateurs ont un avenir de merde. Rien que pour ça, il vaut le détour. Bon par contre, comme ils ont pas une thune, il y a un max de pub et ça c’est un peu chiant. Mais même leurs pubs elles mettent en avant des trucs cools.

On a passé un an et demi ensemble et je suis contente d’avoir enfin réussi à te parler d’actualité, surtout de cette actualité. Si tu pouvais aller voir un numéro, pour changer ta vie et aider la leur, ça serait vraiment chouette. Merci pour tout le temps passé, merci de m’avoir lue, j’espère t’avoir présenté quelques auteurs chouettes. J’ai voulu clôturer la rubrique bande dessinée du Barbu avec un espoir pour l’avenir de la bande dessinée. N’oublie pas d’en lire. Koeur koeur sur toi.

 

            Shamsi.

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