Amis, avouez le : Vous avez sans doute, un jour, été sidéré par l’érotisme d’une belle main fine, à la fois ferme et douce, étroite et élancée. Peut-être même qu’à cet instant vous êtes parvenu à la conclusion qu’il fallait mieux capitaliser tous vos efforts sur ces extrémités plutôt que sur des parties plus secrètes, moins visibles, de votre anatomie. Et c’est alors qu’est venue cette idée tout à fait géniale :
Muscler vos doigts.
Pour cela rien de mieux que le tennis ou le ping pong ; mais les deux s’avèrent si pénibles que cet avantage, si durement gagné, se noie sous des litres de sueur et des tonnes de regrets. Pour épargner cet exercice à votre volonté, une solution : les otome ou les eroge games. (Avec Mortal Kombat, vous finiriez en effet avec une protubérance nette au niveau du pouce tout aussi esthétique que le biceps gauche de Nadal). Ces jeux, fort peu développés en occident, nécessitent en effet un seul mouvement, longuement et mécaniquement répété, du pouce sur une seule touche de la manette. Une légère pulsion, qui, à la longue, peut s’avérer quelque peu ennuyeuse-mais qui, exercée tour à tour par l’index, le majeur, l’auriculaire, secondés pourquoi pas du petit doigt, sauront à terme produire un bel effet. Le principe est simple : comme pour un livre interactif, vous devez appuyer sur un bouton pour faire défiler le texte et les dialogues, et avancer dans l’histoire. A la différence près que ces visual novels ont un objectif assez différent : faire tomber l’être de votre choix amoureux de vous. Un panel de personnages tout aussi charmants (et stéréotypés) les uns que les autres vous est présenté, et libre à vous alors de sélectionner celui sur lequel vous jetterez votre dévolu. Les otome games-destinés aux filles- mettent souvent en scène des hommes jeunes, efféminés, avec des caractéristiques spécifiques : le sportif, le petit mignon à la shotacon (attirance pour les petits garçons), le tono sama (le prince), le mystérieux, le provocateur, le dragueur…Après de longues heures à tapoter le bouton et à effectuer quelques choix parmi les solutions proposées, le dur labeur sera récompensé d’une scène romantique avec déclaration, bisou, et parfois, top du top, mariage. Cette déclaration peut avoir lieu dans une église/dans votre salle de classe préférée, sous le ciel étoilé, devant le soleil levant, avec ou sans océan à perte d’horizon. On vous aimera depuis le début, vous si belle, si intelligence, si douce, si gentille. On vous trouvera des qualités inespérées, inconnues, et votre diplôme empoché il sera temps de vous mettre l’anneau au doigt car merde vous n’attendiez que ça, c’est le but du jeu. Par contre, vous serez frustrées d’apprendre que les otome games prennent très rarement en considération la consommation du mariage. Les crédits défilent alors que vous venez à peine de prononcer vos vœux.
Pour y remédier, les eroge games sont là.
Destinés cette fois ci aux hommes, les eroge games mettent en scène un schéma parallèle avec un héros (vous) et un harem de filles similaire à celui des otome games. A l’exception près que cette fois-ci vous aurez l’immense satisfaction de pouvoir consommer votre cible sans nécessairement avoir à vous la coltiner jusqu’à la fin de vos jours. Un avantage donc redoutable. A votre tour, vous serez beau, fort, intelligent. Les scènes érotiques insisteront fortement sur votre talent sexuel : un exemple frappant, à peine aurez-vous fait sauter le premier bouton de sa chemine, que l’héroïne sera déjà bien avancée sur la route de l’orgasme. Summum de la satisfaction : Vous serez sans aucun doute son premier (et seul) amour.
Mais comment éviter d’être coincé dans votre propre sexe ? Il est vrai que ces deux types de jeux véhiculent souvent –pas toujours pour autant- des idées stéréotypées du désir féminin et du désir masculin. Elles mettent en valeur certaines qualités au détriment d’autres, distribuent les rôles et les objectifs (mariage pour les filles/relations sexuelles pour les garçons). Pour autant, gare à ceux qui viendraient les prendre de haut : certains scénarios valent le détour, certains héros/héroïnes détruisent les clichés, certaines histoires vont verront pleurer des litres de larmes.
Jouez aux deux.
Peu importe votre sexe. Non seulement c’est drôle, mais c’est bien la première fois de ma vie qu’on m’a dit « Jolie, forte, gentille, courageuse, virile, féminine, intelligence, astucieuse, humble, drôle, sportive, sachant manier l’épée, danser, faire du thé, remporter des jeux, gagner à la boxe,», première fois que j’ai tué, aimé, trahi, séduit, volé, ensorcelé, haï, aimé encore en changeant de partie, que j’ai été un samouraï, une vampire, une joueuse de tennis, une princesse, un vampire, une sorcière, que j’ai aimé des femmes et que j’ai aimé des hommes,
bon Dieu que j’ai tant aimé,
que je suis mort, que je suis morte,
d’un geste du doigt.
Et je sais faire jouir en faisant sauter les boutons d’une chemise.
Alesklar