Pour ce qui est des mains, on s’y connaît. L’histoire de l’art est faite de mains : du sculpteur, doigts de peintre, menottes de tisseuses, etc. Si les pieds — ou tout autre membre — peuvent s’introduire dans l’affaire, ils diffèrent de la main par une grande chose : leur capacité à être, comme la toile, recouverts de vernis. Parlons donc de de nail-art. Ce thème me touche particulièrement, non pas que je puisse aborder ma pratique de cet artisanat (mes pauvres contacts avec les vernis se résument en une légère peinturlure à 10 ans et une constante extase olfactive à la moindre ouverture de flacon — je suis de ceux qui détectent une pose clandestine en amphithéâtre —), mais je ne puis cacher une information capitale : je possédais une vague… amie… connaissance… ongleriste.
Cette anecdote subjective permet de me pencher sur les formes audacieuses que peuvent prendre les décorations de corne. Cette amie, connaissance, camarade ongleriste en herbe avait subitement braqué son parcours post-bac vers un diplôme de l’école de nail-art, dans la stupéfaction générale. Le chapitre le plus intéressant de cet énième conte sponsorisé par l’ONISEP est sans doute celui de la découverte, un an plus tard, des créations de cette chère accompagnatrice, collègue, rolandiste, publiées sur sa page Facebook officielle. À son compte, elle se déplaçait de maison en maison, de main en main, d’ongle en ongle pour propager ses excroissances multicolores au goût aussi douteux que celui d’un tie-and-dye hippie daltonien. En fait, c’était affreux. Comme dans ultra-moche. Vomitif. Et la question était : mais elle fait payer pour ça ? Quel est le fuck ?
Passé ce traumatisme, il fallait se rendre à une évidence claire : le nail art prôné par une élite de youtubeuses et également par cette sacro-sainte madmoizelle.com pouvait se révéler immonde. En fait, jetons même un pavé par les portes entr’ouvertes, décorer ses ongles de quelconque manière baroque n’est pas acceptable : tchao coulures multicolores, points au pinceau large, collages surréels d’autocollants mal posés… Une rapide recherche sur l’internet de la corne (simple à reproduire chez soi) associant les clés nail+art+ongle+facile+joli permet de se rendre compte des multiples possibilités offertes à tout être humain possédant deux paires d’ongles. À votre bon goût.
Et s’il n’y avait que le vernis ! En fait, les esthéticiennes manucuristes peuvent même se targuer d’un diplôme de sculptrices sur ongle grâce à leurs accessoires d’extension intimement liés au PIB de la receveuse. Si t’es pauvre, t’es bon pour l’ongle en plastique cheap aux décollages et fissures de support garanties. Si t’es riche, vas-y alors pour la solution sculptée extrême : grâce à une résine polymère fondue aux ultraviolets, l’ongle est beau, l’ongle est propre, les produits fusionnent et tout est parfait. Souvenons-nous que la grande richesse ne garantit cependant pas le bon goût…
Chers ami-e-s, je vous conseille donc la sobriété. Choisissez un vernis pop mais uni, couvrant et non écaillé. Tout le monde sait qu’un vernis écaillé est incompatible avec les « pénétrations en gros plan [qui] promettaient des gouffres ». À tous les coups, une mauvaise manucure se transforme en l’araignée qui empêche une correcte vie. Ne vous y sentez également pas obligés. Ni interdits. Appropriez-vous l’ongle, acceptez la roue libre et NAIL IT.
WoodyWanker